vendredi 19 décembre 2014

L'art d'aimer, Erick Fromm et Nouvelle histoire de l'homme, Pascal Picq


Pour évoquer le thème de la mère, je n'ai pas choisi des romans, mais opté pour la présentation de deux livres «L'art d'aimer » d'' Erich Fromm (psychanalyste et sociologue)  et «  Nouvelle histoire de l'homme » de Pascal Picq (paléoanthropologue) .

Erich Fromm (1900-1980), est psychanaliste, mais alors que Freud voit l'individu au travers de la mythologie, E. Fromm  considère que la réalité sociale et l'histoire sont essentielles dans la construction de la  psychologie de l'individu.
Dans son livre « l'Art d'aimer » 1956, il développe sa vision de l'amour comme unique alternative à la destruction des relations sociales et par voie de conséquence de l'humanité.
Plus précisément, il définit l'amour maternel comme se caractérisant par « l'affirmation inconditionnelle de la vie et des besoins de l'enfant » p 68 L'art d'aimer – Ed EPI
Il précise en soulignant les différentes formes d'amour.
« A la différence de l'amour fraternel et de l'amour érotique qui s'établissent entre égaux, le relation de la mère et de l'enfant implique par sa nature même une inégalité, l'un ayant besoin d'un soutien total et l'autre le lui donnant. C'est en vertu de ce caractère désintéressé, altruiste, que l'amour maternel a été considéré comme la forme suprême de l'amour et comme le plus sacré de tous les liens affectifs.»
E. Fromm considère que cette attitude aimante s'enracine dans un comportement instinctif qui appartient en commun aux animaux et «à la femelle humaine».
La pertinence de cette analyse du comportement est à souligner car contemporaine des premiers écrits de K. Lorenz et N. Tinbergen fondateurs de l'éthologie comme discipline à part entière.

E. Fromm poursuit sa réflexion en précisant que «  l'amour maternel ne réside pas dans l'attachement de la mère à son bébé, mais dans l'amour qu'elle témoigne à l'enfant en croissance ».
L'originalité de la pensée de E. Fromm est précisée dans cette définition de l'amour maternel :
«L'essence même de l'amour maternel est de veiller à la croissance de l'enfant, ce qui signifie vouloir que l'enfant se sépare
Ce point de vue mérite d'être mis en perspective avec la description de l'amour maternel faite par un fils.  Romain Gary « La promesse de l'aube ».
A chacun de poursuivre la réflexion voire l'introspection .

Pascal Picq effectue des recherches en paléoanthropologie, préhistoire et éthologie.
J'ai souhaité relever dans son livre « Nouvelle histoire de l'homme » l'analyse suivante :
« Le mode de reproduction des mammifères impose aux seules femelles le fardeau de la reproduction : gestation et éducation. » P 190 – Ed Perrin
Cet impératif biologique pourrait être à l'origine de l'attitude aimante de la mère envers son enfant pour reprendre l'expression de E. Fromm.

Il conviendrait alors de repenser les fondements de l'amour maternel, celui ci pourrait n'être que le résultat d'une programmation génétique visant la préservation de l'espèce de mammifères concernée.

Cercle des Lecteurs décembre 2014 : "la mère" Le choix de Vincent



jeudi 11 décembre 2014

La promesse de l'aube, Romain Gary

Détails sur le produit«- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D'Annunzio, Ambassadeur de France - tous ces voyous ne savent pas qui tu es !Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j'essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu'elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l'Armée de l'Air, et que je faisais un nouvel effort pour la pousser derrière le taxi, son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j'entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports : - Alors, tu as honte de ta vieille mère ?»


Fabienne et Elisabeth vous recommandent toutes les deux « la promesse de l’aube ». Ce livre, magnifiquement écrit, évoque à la fois l’amour d’une mère pour son fils et l’hommage de l’auteur rendu à sa mère qui lui a tant donné. Romain Gary y retrace sa vie, avec humour, à travers des anecdotes, mais comme le dit l’auteur : «  ce livre ne doit pas être présenté au public comme une autobiographie, mais comme un récit. Lorsqu’on évoque  à 30 ans de distance, des détails, des expériences, des regards, des scènes, il faut préciser qu’il s’agit d’une vérité artistique »

Pour Fabienne, « La promesse de l’aube est avant tout une très belle œuvre littéraire : une écriture simple mais précise, beaucoup d’humour, un récit vivant et captivant, une mise en scène parfois théâtrale de la mère qui fait écho à la mise en scène de sa vie réelle.
Romain Gary a eu plusieurs vies et plusieurs identités. Dans ce livre il est le Romain de sa mère, celui qu’elle a voulu et souhaité qu’il soit, on pourrait presque dire qu’elle l’a forgé... Il est devenu officier, il a eu la Légion d’honneur, il a été diplomate et il a connu le succès auprès des femmes…
Ce livre est un hommage à sa mère, celle qui l’a élevé, protégé des rigueurs extrêmes de la vie lorsqu’il était enfant, celle qui fut elle aussi plusieurs personnages, celle qui déclamait son amour de la France, de sa patrie d’adoption, et son amour et sa fierté immenses pour son fils. C’est certes une mère que l’on peut considérer comme étouffante, c’est sans doute ce qui a fait naître Emile Ajar - nom d’emprunt sous lequel Romain Gary a signé plusieurs romans - mais cette mère est un personnage profondément humain, parfois picaresque, souvent extrême et très émouvant ».

Elisabeth a aussi été très sensible à l’ambivalence qui transparait tout au long de l ‘œuvre. Dès le début, l’auteur nous parle de cette promesse faite à sa mère d’une justice à lui rendre, elle qui a vécu l’exil, l’humiliation, la misère. Il se fait la promesse qu’un jour il lui permettra de prendre sa revanche sur ce qu’elle a enduré. Elle lui donne la force et le courage d’entreprendre. Mais cet  hommage rendu à sa mère, cette déclaration d’amour est nuancée parfois par un sentiment d’avoir été trop aimé.  « Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais ». Une promesse douloureuse qui met en question un amour maternel envahissant. Comment aimer, stimuler, protéger sans trop étouffer ou même parfois détruire ?

Après ou avant la lecture, Fabienne vous recommande :
http://www.franceinter.fr/emission-lheure-des-reveurs-romain-gary-la-promesse-de-laube.

Cercle des Lecteurs décembre 2014 : "la mère", Le choix de Fabienne et Elisabeth

mercredi 10 décembre 2014

Pour seul cortège, Laurent Gaudé

Nous vous invitons à rejoindre le Cercle des Lecteurs qui une fois par trimestre échangent leurs livres coups de cœur à la bibliothèque de Paulhac.

 « Pour seul cortège » de Laurent Gaudé,



Dans le livre de Gaudé, le portrait de la mère est totalement à l’opposé : une jeune fille de sang royal est appelée au chevet d’Alexandre, roi de Babylone, qui a vaincu son père. Au–travers d’une écriture épique, l’auteur réinvente l’histoire et nous montre une femme prête à tout pour protéger son enfant, quitte à perdre tous ses liens avec lui. La volonté d’éblouissement poursuivi par l’auteur est une totale réussite, et je suis une inconditionnelle de Laurent Gaudé ! (Ed Babel 2014)


Cercle des Lecteurs décembre 2014 : "la mère", Le choix de Colette

mardi 2 décembre 2014

Paula, Isabel Allende


    « Paula » de Isabel Allende

Atteinte d'une maladie génétique, la fille d'Isabel Allende, Paula, tombe dans un coma profond.  Elle mourra un an plus tard. Isabel va rester à ses côtés,  dans un premier temps pour l’aider à sortir du coma, puis, pour que sa fille finisse ses jours dignement.
Au début, les médecins déclaraient qu'elle sortirait du coma. Comme Isabel avait  entendu dire que souvent, après un long coma, les patients ont des problèmes de mémoire, poussée par son désir de communiquer avec sa fille, elle entreprend de lui adresser par écrit un long récit de l'histoire des siens.  Elle rédige une longue lettre à sa fille, dans le but de l'aider lors de son réveil à retrouver son histoire et sa place au milieu de sa famille.
Elle lui fait le récit de sa propre enfance – de moments merveilleux, parfois amers.  Elle raconte la mort violente de son oncle Salvador Allende, et la fuite de sa famille au Venezuela pour échapper à la dictature militaire de Pinochet.  Elle présente des personnages intéressants et beaucoup d’anecdotes familiales.
Mais le livre est tout d'abord le témoignage d'une mère face à la maladie puis la mort prochaine de son enfant, qui livre ses angoisses et ses espoirs.

Cercle des Lecteurs décembre 2014 : "la mère", Le choix de Bing