Primo Lévi est un juif italien, résistant lors de la Seconde Guerre Mondiale. Arrêté en 1944, il est déporté à Auschwitz. Son livre annonce une originalité toute particulière. Ce n'est pas un livre d'histoire, dans le sens où il ne comporte pas de date, ni d'information à portée historique. Il présente par contre un intérêt certain, en fournissant nombre d'éléments de "petite histoire", c'est-à-dire concernant les conditions de vie en camp de concentration. Il décrit avec force de détail les relations entre prisonniers, avec les gardiens, la hiérarchie qui s'installe au sein des camps, comme l'ensemble des combines, qui semblent dérisoires à la lumière d'aujourd'hui, mais qui améliorent grandement l'existence des individus dans des conditions extrêmes.
Primo Lévi explique avec la pertinence du vécu le procédé de déshumanisation voulu par les allemands à l'encontre des juifs. Il explique également comment il semble toucher le fond, avant de se raccrocher à des espoirs improbables et précaires. Si c'est un homme apparaît donc comme une description des damnés, condamnés à travailler comme des esclaves jusqu'à ce qu'ils viennent à mourir de fatigue, de froid ou de faim.
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Cercle des Lecteurs juin 2013 : "liberté et libre arbitre"
jeudi 13 juin 2013
L'hôte, Albert Camus - Adaptation BD J. Ferrandez
Résumé du livre
Daru, jeune instituteur né en Algérie, vit dans son école, au coeur des hauts plateaux. Il fait la classe à des enfants arabes venus des hameaux environnants. Un jour d'hiver, le gendarme Balducci lui confie un prisonnier arabe en lui donnant l'ordre de le convoyer jusqu'à la ville voisine pour le livrer à la justice. Daru a beau refuser la mission, le gendarme s'en va et laisse là le prisonnier.
La critique [evene] par Mikaël Demets
Auteur de l'oeuvre dessinée la plus complète sur l'Algérie avec ses 'Carnets d'Orient', Jacques Ferrandez, en choisissant d'adapter cette courte nouvelle d'Albert Camus, reste dans un univers qu'il connaît à la perfection. Mais cette fois, ce sont les mots d'un autre qu'il doit mettre en scène. 'L'Hôte' est sans doute, derrière son apparent dénuement, l'un des textes les plus remarquables de l'auteur de 'La Chute', le seul à évoquer aussi explicitement le conflit algérien. En construisant ses pages en deux temps, un fond d'aquarelles sur lesquelles se détachent les vignettes de la narration, Ferrandez donne toute sa mesure à l'immensité d'un paysage lunaire qui écrase les personnages. L'intrigue, très simple, se résume finalement à deux dialogues, entre un instituteur et le gendarme, puis entre l'instituteur et le détenu. Deux échanges d'une simplicité désarmante mais, et c'est là tout le génie de Camus, deux échanges où chaque mot est pesé, choisi, calibré. Et où les regards, les silences, les sous-entendus paraissent presque plus redoutable que le verbe. En aérant sa mise en page, mais aussi en alternant les passages contemplatifs, Ferrandez sait donner à chaque mot sa valeur, et servir au mieux la pureté du texte original. Derrière la retenue ô combien pudique, Camus et Ferrandez mettent beaucoup. Et le crime autour duquel tourne le drame apparaît comme le signe avant-coureur du déchaînement de violence et d'horreur qui va enflammer l'Algérie. La nouvelle de Camus dégageait une aura prophétique ; l'adaptation de Ferrandez ravive toute sa force.
Cercle des Lecteurs juin 2013 : "liberté et libre arbitre", Le choix de Colette
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